Je m’appelle Priscille, et comme vous le savez, j’ai fondé ENTRE4ROUES en 2002 parce que je vis avec une infirmité motrice cérébrale (IMC) et que j’en ai eu marre que nos droits soient sans cesse bafoués. Aujourd’hui, je dois vous parler d’une nouvelle qui me met en colère, mais qui ne doit surtout pas nous décourager : la rumeur insistante d’un gel de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) dans le budget de l’État pour 2026.
Entendez-moi bien : l’AAH est notre filet de sécurité. La geler, sous prétexte d’économies budgétaires, ce n’est pas une simple mesure technique. C’est une attaque directe contre notre pouvoir d’achat, notre autonomie et, en fin de compte, notre dignité. Cela nous ramène à la case départ, dans une précarité que nous combattons chaque jour.
Dans cet article, je vais vous expliquer concrètement ce que ce gel signifie, pourquoi c’est juridiquement et moralement inacceptable, et ce que nous devons faire, ensemble, pour nous battre.
Une Allocation au cœur des Débats
L’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) est une aide financière essentielle qui garantit un revenu minimum aux personnes en situation de handicap en France. Elle est versée par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ou la Mutualité Sociale Agricole (MSA).
Chaque année, l’évolution de son montant est scrutée avec attention, en particulier dans le cadre de l’examen du budget de l’État. Récemment, l’inquiétude a grandi suite à l’introduction d’un amendement (proposition de modification d’un texte de loi) dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 qui visait, entre autres, le gel des prestations sociales, dont l’AAH.
Alors que cet amendement est actuellement en discussion et que son sort reste incertain, l’association se mobilise pour vous informer précisément sur les tenants et les aboutissants d’une telle mesure. Quels seraient les effets concrets d’un gel de l’AAH sur le pouvoir d’achat ? Et quelles sont les dernières avancées dans ce dossier crucial pour les droits des personnes handicapées ?
L’AAH : Un Soutien Vital, Déjà sous le Seuil de Pauvreté
Le point crucial, c’est que l’AAH, même à son montant maximal (qui était d’environ 1033,32 € en avril 2025 pour une personne seule sans autres revenus , le montant exact est à vérifier), reste inférieur au seuil de pauvreté monétaire en France.
Le seuil de pauvreté, c’est le revenu minimal qu’il faudrait toucher pour ne pas être considéré comme pauvre (estimé a à 1 288 euros € par mois pour une personne seule selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques – INSEE).
Alors, quand on nous parle de geler l’AAH, on parle de laisser un million de personnes s’enfoncer un peu plus dans la pauvreté. C’est ça la réalité, il faut l’appeler par son nom.
Pour en savoir plus sur cette allocation (conditions, démarches et montants précis) :
Vous pouvez consulter le dossier complet sur le site officiel de l’administration française : Service-Public.fr – Allocation aux adultes handicapés (AAH) (Lien Officiel).
Les conséquences du Gel :
Des choix impossibles au quotidien
Quand l’État décide de geler l’AAH, c’est comme si on nous disait : « Vos dépenses n’augmenteront pas l’année prochaine. » C’est absurde ! L’inflation (l’augmentation généralisée et durable des prix) ne s’arrête jamais.
1. La Vraie Perte de Pouvoir d’Achat
Si le prix des produits de première nécessité (alimentation, énergie) augmente, mais que votre AAH ne bouge pas, votre pouvoir d’achat diminue. C’est mathématique et c’est une réalité brutale pour la majorité d’entre nous, qui sommes déjà au centime près.
Pour les bénéficiaires de l’AAH, cela signifie devoir faire des choix dramatiques :
- Manger ou se soigner ? Faut-il rogner sur l'alimentation pour payer les restes à charge (la partie des soins non remboursée par l'Assurance Maladie et les mutuelles) sur un appareil auditif, une nouvelle batterie de fauteuil ou des médicaments spécifiques ?
- Se chauffer ou se déplacer ? Faut-il s'exposer à la précarité énergétique pour économiser sur la facture de gaz, ou réduire les déplacements essentiels, qui sont souvent plus coûteux quand on utilise des transports adaptés ?
2.Le Surcoût Permanent du Handicap
Ce que nos dirigeants oublient trop souvent, c’est le surcoût lié au handicap. Ces dépenses, qui sont essentielles, ne sont pas toujours intégralement couvertes par la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) ou d’autres aides. Entre le manque d’aide humaine couverte et les petites aides techniques non remboursées, l’argent de l’AAH est très souvent absorbé par ces dépenses vitales.
Geler cette allocation, c’est ignorer la réalité du coût de la vie pour des personnes qui, comme nous, n’ont aucune marge de manœuvre.
Notre Droit à la Dignité Doit Être Respecté
Notre combat n'est pas un caprice, il estfondé sur le droit
Si l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) n’est pas gelée, son montant pourrait être revalorisé de 1 033,32 € à 1 042,62 € au 1er avril 2026. Cependant, en raison du décalage habituel des versements (à terme échu), cette hausse ne serait perceptible sur le compte des bénéficiaires qu’au début du mois de mai 2026 (correspondant à l’allocation d’avril)
La Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations unies, que la France a ratifiée, nous engage. Elle stipule que les personnes handicapées ont le droit à un niveau de vie adéquat et à une amélioration constante de leurs conditions de vie. Un gel de l’AAH va directement à l’encontre de cet engagement international !
De plus, la Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, pilier de la politique du handicap en France, vise l’égalité des droits et des chances. Comment parler d’égalité quand l’État maintient financièrement les personnes handicapées sous le seuil de pauvreté ?
Si vous êtes touché par cette menace, si vous en avez assez de ces incertitudes et de cette précarité, alors passez à l’action avec nous.